L'ÉGLISE

Alors que le christianisme ne faisait que pénétrer dans les Gaules, la première chapelle dédiée à Saint-Marc (apôtre) fut élevée à Orléans, plus exactement dans les bois tout proches en 345. Saint-Euverte fut ordonné diacre ici même, mais c’est à Saint-Etienne qu’il sera sacré Evêque. A diverses reprises, l’édifice sera fortement endommagé lors du passage des Normands, des attaques Anglaises pendant la guerre de 100 ans et des violences des armées protestantes pendant les guerres de Religion.

  • En 1154, les chevaliers de Malte prennent possession de l’église qui sera ensuite propriété des Templiers.

  • Au 16ème siècle, sous Henri III, après les dévastations des guerres de religion, l’église se relève et revient à nouveau au pouvoir de l’Ordre de Malte.

  • En 1791, après la révolution, l’église est désaffectée et devient écurie ! Elle sera redue au culte en 1799 et reconstruite en 1859. 

  • En 1877, Mgr Pierre Coullié y rapporta d’un voyage à Venise des reliques de l’apôtre Saint-Marc.

L'ABBÉ BOZON

L’ABBÉ BERNARD BOZON À SAINT MARC

C’est le 26 janvier 1881, lors de la messe dominicale que l’abbé Bernard Bozon est officiellement installé curé de la paroisse Saint Marc d’Orléans. Accueilli par une foule nombreuse, avide de connaître son nouveau pasteur, il fait d’emblée la conquête de ses paroissiens touchés par sa parole chaude, vibrante et apostolique. Après un rapide état des lieux, il entreprend de réveiller la paroisse dont Dieu l’a chargé. Saint Marc, c’est alors un quartier riche de 2000 âmes. Deux mondes s’y côtoient : dans un rayon d’un kilomètre autour du clocher, « 200 familles de rentiers et d’ouvriers », mais surtout, « 300 familles environ de vignerons éparpillées à travers la campagne, au milieu des vignes jusqu’à une distance de 5 kms. » L’abbé Bozon s’installe au presbytère en compagnie de sa sœur MarieAngélique et de son frère François qui y resteront jusqu’à leur mort. Une autre de ces sœurs, Marie-Françoise, vit également dans le quartier avec son mari, jardinier. Notre nouveau curé aime d’emblée sa paroisse d’un amour vrai, sincère, profond et, parce que l’amour est le mobile des grandes choses, il fait à Saint Marc de grandes choses et s’y montre un vrai pasteur ! Pour atteindre davantage ses paroissiens, il leur écrit à tout propos, édite un bulletin rempli de conseils pratiques et d’indications précieuses pour la vie paroissiale. Conscient que l’action d’un prêtre ne peut se restreindre aux murs de son église, il inaugure un ministère extérieur que l’on n’y connaissait pas. Il ne cesse d’arpenter le territoire paroissial. Visites répétées auprès des malades, des vieillards, des jeunes gens, des enfants du catéchisme, lettres émouvantes, paroles pressantes, il met tout en œuvre pour le bien de chacun. Mais c’est surtout auprès des jeunes qu’il est le plus heureux. Il a pour chacun d’entre eux « plus que de la bienveillance, du dévouement, plus que de l’affection, de la tendresse ». Il voit en eux « la paroisse de demain » et il veut préparer l’avenir. Il est à l’origine d’une école libre de garçons, Il établit le premier patronage paroissial de la ville. Pour les jeunes filles, il fonde l’association des Enfants de Marie qui est érigée en congrégation en 1882.

LES 3 GRANDES ACTIONS DU PÈRE BOZON

L’église Saint Marc

L’édifice qu’il trouve à son arrivée date de 1575. Ayant fait l’objet d’agrandissements successifs au XVIIIème siècle avant d’être transformée en écuries sous la Révolution, l’église ressemble alors plus à une grange humide, basse, sombre, badigeonnée d’une peinture jaunâtre et « éclairée par des fenêtres qui n’étaient que des sortes d’œils-de-bœuf. Elle avait l’aspect d’un four. » Plusieurs projets d’embellissement ont été envisagés sans aboutir faute de contribution de l’État et de la ville. Heureusement se dit l’abbé Bozon qui a une autre ambition : « une église toute neuve, une des plus belles d’Orléans. » Pendant deux ans, le nouveau curé dresse ses plans. Il entend bien qu’on ne lui impose pas ce qui ne serait à son goût. C’est son grand projet et il en parle partout : en chaire, dans ses visites, dans sa paroisse, en dehors de sa paroisse… partout où il espère trouver des conseils et des

ressources. Il fait tant et si bien que les fonds nécessaires pour lancer les travaux sont trouvés. Les obstacles sont levés et la reconstruction de l’église en deux parties est décidée. Le 30 avril 1884, la première pierre de l’église nouvelle est bénie. « Les ouvriers… ne perdirent pas une journée pendant les deux années que durèrent les travaux. La besogne leur fondait entre les mains. Tous ou presque du quartier, ils semblaient travailler avec amour à cette église qui devait être la leur. » La première partie de l’église est bénie et livrée au culte le 4 avril 1885. Le résultat est beau mais les caisses sont vides pour entamer la deuxième étape des travaux. L’abbé va alors mobiliser autour de lui toute une équipe pour quêter à domicile. La supérieure des Petites Sœurs lui remet une petite statuette de Saint-Joseph lui assurant qu’elle lui porterait bonheur. En effet, sur les 400 visites effectuées par les quêteurs, l’équipe n’essuie que cinq ou six refus ! Les « récoltes ayant été abondantes, le vin s’était bien vendu, le bas de laine s’était rempli… » C’est, chez les vignerons, une vraie joie de participer à la maison de Dieu. Viennent s’ajouter les contributions des familles de la paroisse – le grand orgue -, des enfants du catéchisme de première communion – vitraux de Saint Bernard, de Saint Lucien et de Sainte Thérèse d’Avila -, ainsi que les dons princiers des familles Collin et Lefèvre… Bref, on ne sait plus qui admirer le plus, des paroissiens qui sont si généreux ou du pasteur qui a su provoquer tant de générosité. Mais, le monument achevé, il faut encore le meubler ! Où trouver les sommes nécessaires pour garnir l’église : autels, chaire, confessionnaux, chaises, stalles, lustres, tentures, tapis, peintures… Cette fois, l’abbé sort de la paroisse : il adresse 1500 lettres à ses anciens élèves et amis éparpillés à travers la France et jusqu’en Amérique. Son appel est entendu. L’église est achevée et inaugurée le 4 avril 1886. Pour tous, c’est une journée triomphale. L’abbé, rayonnant, prononce une allocution qui est un cri d’allégresse. Son église est magnifique en sa robe immaculée ! Pour l’occasion, Il est nommé chanoine honoraire par Mgr Coullié.

La légende paroissiale raconte qu’il arrivait qu’on l’entende s’exclamer : « Oh ! mon église ! Ma belle église de Saint Marc. »

L’école libre des garçons

À l’arrivée de l’abbé Bozon, alors que la paroisse possède une école libre de filles très prospère dirigée par les sœurs de Saint Aignan, il n’y a aucune structure pour les garçons. Notre abbé se met en campagne pour faire combler cette lacune. La providence est à l’œuvre : une maison est à vendre à l’ombre du clocher. Elle est achetée grâce à la générosité du comité des écoles libres et de contributeurs restés secrets. Le 4 septembre 1887, Mgr Coullié bénit l’école libre des garçons et 62 enfants y font leur rentrée le 1er octobre. Les charges d’entretien ne laissent guère de répit à notre abbé mais il a l’immense joie de la voir prospérer et remporter de beaux lauriers avec le succès récurrent de l’ensemble des élèves présentés au certificat d’études primaires. Très présent dans l’école, il assure l’instruction religieuse et remet les notes : « Il fallait le voir au milieu de ses élèves, avec quelle fierté il les regardait, avec quelle tendresse il leur parlait, quelle insistance au bien ou au mieux, comme il savait prodiguer encouragements et reproches… Là, plus qu’ailleurs encore, il se sentait pasteur au milieu de ses brebis, père au milieu de ses enfants. » 

Le patronage

S’étant senti une prédilection marquée pour la jeunesse dans ces expériences antérieures, l’abbé Bozon met à la disposition d’un petit groupe de garçons encadré par un jeune homme, organiste à l’église, une des chambres du presbytère qui devient à la fois chapelle, salle de jeux (billard, cartes), salle de projection de lanterne magique… Les effectifs s’étoffant, en 1884, il faut s’agrandir. Un terrain voisin du presbytère est disponible, on y plante des arbres, on y fait construire une petite salle. L’école nouvellement fondée devient une véritable pépinière. Un terrain voisin est acheté, une nouvelle salle édifiée en 1887 qu’il faut allonger en 1897. « Le patronage comptait alors 60 membres, vignerons, ouvriers, employés… Tous ennemis de la tristesse et de la mélancolie, tous attachés à leur œuvre et à ses directeurs par les liens des plus solides et de la plus chrétienne affection. » Le patronage porte du fruit, fournissant au diocèse plusieurs prêtres. En 1902, il donne naissance à une société de gymnastique et de tir « l’Étoile de Saint Marc », association toujours active au sein de notre quartier, 121 ans plus tard !

C’est au milieu de tous ces engagements que l’abbé Bozon vieillit, conservant longtemps toute sa vigueur et toute son activité. Cependant, en 1903, ses forces déclinent et après trois mois de maladie, il s’éteint le 22 janvier 1904. Ses funérailles sont célébrées 23 ans jour pour jour après son arrivée à Saint Marc. Affluence énorme, ornementation somptueuse, chœurs talentueux, éloge funèbre émouvant, aucun hommage ne manque à la mémoire du défunt, l’occasion de rappeler ce que fut sa vie : abnégation et dévouement, et ce que furent ses œuvres : église, école et patronage !